Pierre Ducrozet

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Pierre Ducrozet
© Cris Palomar

Né en 1982, Pierre Ducrozet est un auteur français. Après avoir vécu à Berlin et Paris, il est installé depuis dix ans à Barcelone.  

En 2011, Pierre Ducrozet reçoit le Prix de la Vocation 2011 pour son premier roman, Requiem pour Lola rouge (Grasset, 2010), qui raconte l’odyssée psychédélique de P., bouleversé par sa rencontre avec la belle Lola. Depuis la publication de ce premier roman, l’auteur a signé une demi douzaine de livres, ayant pour sujet tantôt la vie de Jean-Michel Basquiat (Eroica), ou les hackers d’Anonymous et la Silicon Valley (L’Invention des corps, pour lequel il reçoit le Prix de Flore 2017).  

Il enseigne également la création littéraire à l’École nationale des arts visuels de La Cambre, en Belgique. 

Bibliographie

Requiem pour Lola rouge, Grasset, 2010

La Vie qu’on voulait, Grasset, 2013

Eroica, Grasset, 2015

L’Invention des corps, Actes Sud, 2017

Le Grand Vertige, Actes Sud, 2020

Partir léger, Actes Sud, 2020

Charlie et le champignon, Muséum national d’Histoire naturelle, 2021 (co-écrit avec Julieta Cánepa et illustré par Amélie Patin)

Variations de Paul, Actes Sud, 2022

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Variations de Paul

Résumé de l'œuvre

Variations de Paul raconte l’histoire d’une famille de mélomanes tout au long du vingtième siècle. La musique, au centre de leur vie, rythme leurs joies et leurs conflits, et donne corps, sous la plume de Pierre Ducrozet, à une histoire intime aux personnages bouleversants. 

Variations de Paul, Actes Sud, 2022

Extrait de l'oeuvre

Au début ce n’est qu’un picotement léger, à peine un frémissement au niveau du bras gauche et des doigts de pied. Paul rouvre les yeux un instant, la lumière abricot sinue entre les oliviers du jardin, l’instant s’étale. Il sait la déflagration à venir. Il se croit prêt ; on ne l’est jamais. Le chuchotis parcourt sa jambe, arrive au bassin, se glisse dans la colonne et file droit jusqu’au cou. Paul laisse faire. Il sent son corps disposé à accueillir la vague. Il n’en connaît jamais à l’avance la teinte ni la puissance. Il s’allonge quand même et on y va.  

Et alors elle jaillit. C’est sous la poitrine qu’elle se déploie d’abord, ample et sauvage, venant se briser contre la digue des côtes alignées, rompues à l’exercice mais qui menacent pourtant toujours de plier. Son cœur tape dans sa cage. La chose reflue, le corps se cabre et se tient prêt, il sait qu’elle reviendra et la voilà déjà. C’est dans le bas-ventre qu’elle rue alors, bouillonnante, écumeuse, chargée de mille couleurs, Paul ferme les yeux et avale le torrent, dont il aime l’arôme amer et tranchant, la face rugueuse. Il en reçoit depuis toujours toute la violence, qui l’aura tordu et plié mais l’aura peut-être, au bout du compte, maintenu debout.