« Ce qu’il faut en raconter n’est pas bien compliqué. Vus de loin, nous étions des “blédards”, des gens bruyants, des gens entre eux. La réalité était autre. Ces gens étaient en mouvement. Ils se modifiaient au gré de l’environnement, de l’époque, de leurs enfants. On devenait un peu plus français chaque jour, chacun à notre rythme. Quand j’écris français, ce n’est pas au sens du “bon Français”, c’est français, dans un sens qui échappe à l’imaginaire collectif. Un Français qui s’invente en permanence, et le temps de le devenir, un Français qui ne serait plus ce qu’il a été. On a beau imaginer l’immigré figé dans sa blédardise, il est un être en mouvement. En trente-sept ans dans ce pays, j’ai vu de vieux moustachus se métamorphoser. »