Rumena Bužarovska

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buzarovska rumena
©Francesca Mantovani

Née en 1981 à Skopje, Rumena Bužarovska est une écrivaine et traductrice macédonienne. Elle enseigne la littérature américaine à la Faculté de philologie de Skopje. Elle est l’autrice de quatre recueils de nouvelles traduits en de nombreuses langues, et son premier roman, Mon cher mari, est son premier ouvrage traduit en français, publié aux éditions Gallimard en 2022.

Bibliographie

Mon cher mari, Gallimard, 2022 (traduit du macédonien par Maria Bejanovska) 

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Résumé de l'œuvre

Mon cher mari dresse le tableau de onze femmes qui se livrent sans tabou au sujet de leurs époux. Tantôt infidèles, tantôt machistes ou destructeurs, les portraits d’hommes dévoilent l’étendue de la difficulté à vivre à deux et interrogent la place du couple dans nos conceptions sociales. 

Avec son écriture acerbe et son ironie décapante, Rumena Bužarovska nous offre une véritable sociologie de l’amour et du mariage dans la société macédonienne contemporaine.

Extrait de l'oeuvre

Récemment, il était en rogne contre moi parce que j’avais refusé de lire les poèmes qu’il avait écrits la nuit précédente.
« J’ai pas le temps maintenant, demain, lui ai- je dit.
        — T’as pas le temps pour trois poèmes, hein ? » J’ai senti la colère dans sa voix et j’ai immédiatement regretté mon refus. Mais c’était trop tard. Quoi que je dise ç’aurait
été mal pris. Alors je me suis tue. 

« Vas- y alors, perroquet savant », s’est-il écrié en claquant la porte. Il me traite de « perroquet savant » chaque fois que je suis en train de préparer mon cours pour le lendemain. Selon lui, si j’étais vraiment à la hauteur en histoire, je n’aurais pas besoin de préparer mon cours. « Quand on sait, on sait », m’a-t-il dit une fois en me regardant avec insolence droit dans les yeux. 

Quant à ses poèmes, je n’avais vraiment pas envie de les lire, et encore moins de les écouter – une souffrance qu’il m’impose parfois. Lorsque nous étions amoureux et n’avions pas encore d’enfants, quand nous couchions ensemble et que nous étions allongés, encore essoufflés et en sueur, il se mettait à me murmurer ses vers à l’oreille.
Il y était toujours question de fleurs, d’orchidées parce qu’elles « lui rappellent la chatte », des vents du sud, des mers ; il évoquait aussi des condiments et des produits exotiques, comme la cannelle, et des tissus, comme le velours. Cela donnait des figures de style où, par exemple, j’avais un goût de cannelle, ma peau était comme du velours et mes cheveux sentaient la mer – ce qui est faux, car ma mère m’a avoué une fois que mes cheveux puaient.