La jeune fille qu’était ta mère n’a pas vraiment choisi d’avoir une liaison avec lui, elle l’avait remarqué bien sûr, sa taille haute et sa démarche de léopard en pleine savane urbaine, mais rien de plus ne lui avait traversé l’esprit, elle a simplement eu la candeur de s’épancher, en esthète, sur la beauté du léopard auprès d’un de ses amis, alors l’apollon d’ébène s’est intéressé à elle, ainsi elle s’est mise à remarquer à quel point il était réservé et l’éclatant contraste de son grand rire à gorge déployée lorsqu’il faisait le drôle, la froideur de son regard mais la clarté d’un sourire d’enfant qui pouvait lui échapper, la maîtrise de soi comme principe de vie, mêlée à une sensibilité incontrôlable qui affleurait parfois dans un raidissement qu’elle ne savait attribuer à aucune cause, tous ces fascinants paradoxes d’une personnalité, au croisement desquels on pressent une vérité fragile, une crête sur laquelle on se croit seul à pouvoir marcher, quand on tombe amoureux